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Le bon usage des crises

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Le bon usage des crises par Christiane Singer

 Extrait d’une conférence prononcée le 15 juin 1991 à Mirmande à l’occasion du dixième anniversaire du Centre Dürckheim. Edition Terre du Ciel, 1994.

J’ai gagné la certitude que les catastrophes sont là pour nous éviter le pire. Et le pire, comment pourrais-je exprimer ce qu’est le pire ? Le pire, c’est bel et bien d’avoir traversé la vie sans naufrages, d’être resté à la surface des choses, d’avoir dansé au bas des ombres, d’avoir pataugé dans ce marécage des on-dit, des apparences, de n’avoir jamais été précipité dans une autre dimension. Les crises, dans la société où nous vivons, elles sont vraiment ce qu’on a encore trouvé de mieux, à défaut de maître, quand on n’en a pas à porté de main, pour entrer dans l’autre dimension. Dans notre société, toute l’ambition, toute la concentration est de nous détourner, de détourner notre attention de tout ce qui est important. Un système de fils barbelés, d’interdits pour ne pas avoir accès à notre profondeur.

C’est une immense conspiration, la plus gigantesque conspiration d’une civilisation contre l’âme, contre l’esprit. Dans une société où tout est barré, où les chemins ne sont pas indiqués pour entrer dans la profondeur, il n’y a que la crise pour pouvoir briser ces murs autour de nous. La crise, qui sert en quelque sorte de bélier pour enfoncer les portes de ces forteresses où nous nous tenons murés, avec tout l’arsenal de notre personnalité, tout ce que nous croyons être.
Récemment sur une autoroute périphérique de Berlin où il y a toujours de terribles embouteillages, un tagueur de génie avait inscrit sur un pont la formule suivante : « Détrompe-toi, tu n’es pas dans un embouteillage, l’embouteillage c’est toi ! ».
Nous sommes tous spécialisés dans l’esquive, dans le détournement, dans le « divertissement » tel que le voyait Pascal. Il n’y a au fond que cette possibilité, subitement, de se dire : « Oui mais tout cela, tout ce qui m’enserre, tout ce qui m’étrangle, mais c’est moi ! ».
Ce serait une erreur de croire que la crise est quelque chose de normal, d’inhérent à la nature humaine. Il y a de nombreuses sociétés, toutes les sociétés traditionnelles, qui ont une tout autre façon d’agir. Un ami anthropologue m’a rapporté ces mots d’un Africain qui lui disait : « Mais non monsieur, nous n’avons pas de crises, nous avons les initiations ». Et  les initiations sont la ritualisation de ces passages, c’est-à-dire cette possibilité pour l’homme de passer d’un état d’être naturel, premier, à cet univers agrandi, où l’autre versant des choses est révélé. Et il s’avère que toutes ces initiations, dans leur incroyable diversité, et inventivité – parfois des rites d’une cruauté qui nous paraît insoutenable – ont tous la même visée : mettre l’initié en contact avec la mort, le faire mourir ; le vieux principe du « meurs et deviens ». que ce soient les rites des aborigènes australiens qui enterrent les néophytes pendant trois jours sous des feuilles pourries, ou les épreuves auxquelles sont soumis les jeunes Indiens, il n’y a pas un rite pourtant qui soit aussi cruel que l’absence de rite. Et la vie n’a pas d’autre choix que de nous précipiter ensuite dans une initiation, cette fois sauvage, qui est faite non plus dans l’encadrement de ceux qui nous aiment, ou qui nous guident, de chamans, ou de prêtres ou d’initiés, mais dans la solitude d’un destin. Ces catastrophes qui ne sont là que pour éviter le pire ! Il peut vraiment paraître très cynique de parler ainsi. J’ai connu cette période où lorsqu’on entend une chose pareille, et que l’on est soi-même plongé dans un désespoir très profond, ces propos paraissent d’un cynisme insupportable. Et pourtant quand on a commencé à percevoir que la vie est un pèlerinage, quand à une étape de ce pèlerinage on regarde en arrière, on s’aperçoit vraiment que les femmes, les hommes qui nous ont le plus fait souffrir sur cette terre, sont nos maîtres véritables, et que les souffrances, les désespoirs, les maladies, les deuils, ont été vraiment nos sœurs et nos frères sur le chemin. Je sais que cela peut avoir une coloration insupportable quand on est dans une phase de désespoir, mais c’est tellement fabuleux quand on s’arrête en cours de route, quand on regarde en arrière, et qu’on se dit : « mais oui, c’est vrai ! ».

Comment se joue la crise ? On pourrait utiliser ce mot de retournement, de renversement. Qu’est-ce qui se passe dans la crise ? Il se passe à peu près ceci qu’une voix s’adresse à vous, et vous dit : « Tu as construit une vie, oui bravo, eh bien détruis-la ; tu as construit une personnalité, formidable, bravo, détruis-la ; tu t’es battu, tu as été courageux, un courage extraordinaire, mais l’heure de la reddition est venue,  à genoux ! ». Ou encore, comme pour Abraham : « Tu as mis un fils au monde, bravo, rends-le moi ! ». Tous ces moments de l’intolérable, de l’inacceptable, qui dans l’ordre des choses vécues, dans l’ordre de l’immédiat sont le scandale absolu ! Rends-mois ce que je t’ai donné ! Pour moi la plus extraordinaire histoire qui les symbolise toutes est celle de Job. J’adore cette histoire de Job, j’y reviens toujours. Job a été vraiment le serviteur de Dieu, l’homme de tous les succès. Une vie accomplie, entourée de richesse, de troupeaux de bœufs, ses femmes, ses fils, ses serviteurs, une richesse que Dieu bénie. Ce même homme, Job maudit, Job sur son tas d’immondices qui gratte ses ulcères, Job qui ne lâche pas prise, qui dit : « Je m’adresserai à Toi mon Dieu, jusqu’à ce que Tu m’expliques la raison qui me ferait accepter l’inacceptable, j’attends de Toi une réponse qui me convainque ». Et cette interrogation qui le pousse pendant des jours et des semaines et des mois, à ne pas lâcher prise et cette phrase qui est pour moi  une des phrases les plus poignantes : «  Pourquoi ne peux-Tu pas donner raison à l’homme contre Toi-même ? ».
Aussi longtemps que Job demande à Dieu de paraître devant lui, et de lui expliquer l’inexplicable, de lui dire la raison de toute cette horreur, de tout ce désespoir, de tout ce désastre d’une existence : « Viens ! Viens, je n’ai plus que la peau sur les os lui dit-il, viens, parle-moi ». Dieu ne vient pas, Dieu ne parle pas. Arrivent tous les amis, tous les copains, les thérapeutes, qui lui expliquent : « Ecoute, je suis persuadé que tu as fait une erreur, écoute, réfléchis, souviens-toi ! » Mais Job ne les écoute pas, le brouhaha des voix dehors.
« Réponds-moi, réponds-moi ! » Et quand l’ami Elihu lui a dit : « Mais non, tu vas voir, Dieu ne répond pas ». A ce moment-là, Dieu répond, contre toute attente Dieu répond. Mais Dieu répond à côté de la question. Dieu n’évoque pas un seul instant toute la vie de Job détruite, tous ses espoirs anéantis, sa famille, tous ceux qu’il a aimés, Dieu parle du ciel et de la terre, des oiseaux et des arbres, Dieu parle de la mer, de l’océan et des plages. Dieu répond à côté. Et voilà que se passe l’inattendu. Job, loin d’être scandalisé par cette réponse, qui n’en est pas une dans l’ordre de la logique, voit subitement tout d’un autre lieu. L’entière création, d’un autre lieu, d’un lieu où tout le drame d’une être ne fait même pas un remous à la surface du créé. Un lieu de l’univers agrandi, et job dit : « Mon Dieu je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant je t’ai vu ». Et Job est un autre homme. Et à partir de ce moment-là par une ironie divine, tout lui est rendu puisqu’il n’a plus besoin de rien. C’est au niveau de cette histoire de Job, que j’ai pour ma part rencontré le travail de Dürckheim. Dans une crise vraiment très profonde. Après avoir traversé une existence très préservée, très occupée à éviter les naufrages, toute cette adresse à passer entre les catastrophes, entre les blessures, et subitement, après quinze ans de mariage, l’arrivée d’une autre femme, l’arrivée dans une existence préservée d’un autre être, qui du jour au lendemain détruit l’univers que vous vous étiez construit. Et la traversée, pendant deux ans, trois ans, de la solitude de l’abandon, dans un pays étranger, dans un village au bout du monde, et la rencontre du travail de Dürckheim et d’une remarquable femme, son élève, qui travaillait avec la voix. Alors que j’attendais d’elle qu’elle me donne la force de faire mes bagages, et de partir avec mes fils, elle m’a dit : « Tu restes là, assise au milieu du désastre, là. Tout le travail que j’ai fait par la suite avec le corps, avec la présence au monde, aux choses, cette leçon, non seulement d’accepter l’inacceptable, mais d’y entrer, d’y établir ses pénates, entrer dans le désastre, à l’intérieur, et y rester, y rester ! Non pas fuir, mais oser rester, à l’endroit où je suis interpellée, à cet endroit où tombent tous les masques, où tout ce que je n’aurais jamais pu croire s’avère être en moi, tous les démons, toute l’ombre. Les paroles éclatent et tous les démons déferlent dans la vie, la jalousie, l’envie de meurtre, l’autodestruction. Et je reste là et je regarde. Cette troisième voie est probablement le salut pour notre époque si torturée. Je m’explique : nous connaissons dans notre Occident deux voies quand nous sommes dans un état d’étouffement, d’étranglement ; l’une c’est le défoulement, c’est crier, c’est exprimer ce qui était jusqu’alors rentré. Il y a de nombreuses formes de thérapies sur ce modèle et c’est probablement, en son lieu et place, quelque chose de très précieux, pour faire déborder le trop plein. Mais au fond, toute l’industrie audiovisuelle, cinématographique, est fondée sur ce défoulement, cette espèce d’éclatement de toute l’horreur, de tout le désespoir rentré, qui en fait le prolonge et le multiplie à l’infini. L’autre réponse, c’est le refoulement : avaler des couleuvres, et devenir lentement ce nid de serpents sur deux pattes, avec tout ce que ces vipères et couleuvres avalées ont d’effet destructif sur le corps et l’âme. Et le troisième modèle qui nous vient d’Extrême-Orient et qu’incarnait Dürckheim : s’asseoir au milieu du désastre, et devenir témoin, réveiller en soi cet allié qui n’est autre que le noyau divin en nous. J’ai rencontré voilà quatre jours, en faisant une conférence à Vienne, une femme ; et c’est une belle histoire qu’elle m’a racontée qui exprime cela à la perfection. Elle me disait à la perte de son unique enfant, avoir été ravagée de larmes et de désespoir, et un jour, elle s’est placée devant un miroir et a regardé ce visage brûlé de larmes, et elle a dit : « Voilà le visage ravagé d’une femme qui a perdu son enfant unique », et à cet instant, dans cette fissure, cette seconde de non identification, où un être sort d’un millimètre de son désastre et le regarde, s’est engouffrée la grâce. Dans un instant, dans une espèce de joie indescriptible, elle a su : « Mais nous ne sommes pas séparés », et avec cette certitude, le déferlement d’une joie indescriptible qu’exprimait encore son visage. C’était une femme rayonnante de cette plénitude et de cette présence qu’engendre la traversée du désastre. Il existe, paraît-il, dans un maelström, un point où rien ne bouge. Se tenir là ! Ou encore, pour prendre une autre image : dans la roue d’un chariot emballé, il y a un point du moyeu qui ne bouge pas. Ce point, trouver ce point. Et si un seul instant, j’ai trouvé ce point, ma vie bascule, parce que la perspective est subitement celle de Job, cette perspective agrandie, de la grande vie derrière la petite vie, l’écroulement des paravents, l’écroulement des représentations, un instant, voir cette perspective agrandie.

Corps et Emotions… des alliés ?

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Savoir écouter son corps…pourquoi ?

sensationsTout d’abord, prenons conscience que nous sommes notre corps. Cela devient par conséquent plus évident de s’écouter. L’histoire de chaque individu est inscrite dans son corps.

La société dans laquelle nous évoluons privilégie grandement les facultés intellectuelles, de raisonnement et d’analyse, sur-sollicitant notre cerveau gauche.

En cela elle sous-estime, voire néglige d’autres réalités de notre être tout aussi pertinentes, sous-sollicitant notre cerveau droit.

Les sensations sont autant de signaux dont nous disposons pour témoigner de notre état intérieur et extérieur en lien avec notre environnement.

Les négliger c’est se couper d’une partie de soi-même, de ressources d’adaptation et de créativité nécessaires à notre épanouissement tant professionnel que personnel.

Pour mieux mater notre corps, on entreprend de le traiter comme une machine à dompter, le soumettant aux régimes, à une discipline draconienne sans tenir compte de nos limites, ou encore de le négliger, de l’oublier. Ce corps-à-corps implique l’idée d’une lutte, d’une victoire à remporter à tout prix. Ainsi malmené, il devient surface de résonance en nous envoyant des messages auxquels nous restons sourds. Les émotions sont étouffées, la peur se niche au creux de notre ventre ou du plexus solaire, les mots restent bloqués dans la gorge, la colère stagne au creux de la poitrine, ainsi s’inscrit la souffrance. Lorsque la maladie atteint un lieu spécifique du corps, il s’agit d’un cri de l’être profond qui l’habite.

Dans des situations particulières (stress, tension, doute, peur, etc.) l’analyse se grippe, et les mêmes idées et scénarios se rejouent sans que nous puissions en sortir.

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Au départ, les sens existent seulement en puissance, puis ils se développent en réponse aux stimulations et aux expériences. Les sens du toucher et du mouvement sont localisés dans le corps tout entier – en chaque cellule. La vue, l’ouïe, le goût et l’odorat sont situés au niveau de la tête. C’est par les sens que nous recevons les informations provenant de notre environnement interne (nous-même) et externe (les autres et le monde).

La façon dont nous filtrons, modifions, déformons, accueillons, rejetons et utilisons ces informations fait partie de l’acte de percevoir. La perception est une expérience globale, un processus psychophysique consistant à interpréter l’information en fonction des expériences passées, des circonstances présentes et des attentes envers l’avenir. Lorsque nous acceptons qu’une information nous parvienne, nous nous mettons en relation avec cet aspect de notre environnement. Si nous lui barrons le passage, nous adoptons une position défensive.

S’appuyer sur ses cinq sens et pourquoi pas son sixième, l’intuition, pour élargir ses points de vue et explorer sa réalité d’une autre manièrex26780934

Ressentir son corps et ses possibilités ou impossibilités, c’est se donner l’occasion de percevoir la situation d’un autre point de vue et d’enclencher un mouvement neuf.

Savoir écouter son corps et même recourir à ses ressources permet en outre d’élargir ses compétences de perception et donc d’ajustement, de rééquilibrer notre fonctionnement (cerveau gauche et droit), être plus sensible à ce qui nous est favorable et éviter les risques (addiction, burnout, communication constructive, etc.)

Les émotions : que sont-elles? À quoi servent-elles?

emotion 2Les émotions sont une réaction ressentie dans le corps au contact de la réalité extérieure et pouvant aussi être suscitées par ce qui se passe en nous (pensées, imaginaire). C’est un système d’information sur notre psychique au même titre que les sensations le sont sur le plan physique.

Elles nous informent sur notre état intérieur, sur l’effet des événements et de nos actions sur notre équilibre intérieur. Leur intensité nous indique à quel degré nous sommes touchés, quelle est l’importance de ce que nous vivons. Elles nous habitent constamment et nous permettent de s’adapter à chaque situation de notre vie, d’en retirer le plus de satisfaction possible et d’éviter les obstacles.

Certaines sont agréables (joie), d’autres désagréables (peine, colère), mais elles sont toutes utiles à cause de l’importance du message qu’elles véhiculent.

Se couper de l’émotion, c’est se couper de soi-même

Bon nombre d’entre nous n’avons pas appris à être à l’écoute de la vie émotionnelle et la plupart avons développé des mécanismes nous permettant de réprimer partiellement ou totalement certaines ou toutes nos émotions. Parmi ces mécanismes, nous retrouvons, le déni affectif, la fuite dans le travail, la drogue, l’alcool, les sports, la TV, le sommeil, la compulsion dans la nourriture, le sexe, le jeu  le contrôle, la rationalisation et bien d’autres. Nous avons développé ces mécanismes pour nous protéger de la souffrance, de la peur et de l’inconfort.

La répression des émotions peut amener à l’angoisse, la culpabilité, les tensions, l’anxiété, la dPAA432000034épression, le burnout, les crises de panique, les phobies, les maladies psychosomatiques.

La qualité de notre vie repose en partie sur notre capacité à ressentir nos émotions et à utiliser l’information qu’elles nous fournissent sur la satisfaction de nos besoins.

Nous pouvons réapprendre à les ressentir, les identifier et décoder le message qu’elles nous envoient. Il est alors possible d’utiliser ce message vers une action nous permettant la satisfaction de nos besoins afin de créer sa vie au lieu de la subir. Elles nous permettent de faire des choix qui tiennent compte de l’ensemble de notre personne.

Apprivoiser ses émotions, c’est s’assurer des alliées dans la construction de soi et de sa vie.

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La Gestalt, l’art du contact

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Histoire…

Crée en 1951 à New York par Frederick Perls (1893-1970), neuro-psychiatre et psychanalyste allemand, et Laura Perls (1905-1990), docteur en psychologie (Gestalt-psychologie) et psychanalyste allemande. La Gestalt s’inscrit dans la filiation de plusieurs courants de pensées : différentes approches psychanalytiques (S. Freud, W. Reich, O. Rank), Gestalt-théorie (psychologie de la forme), phénoménologie, existentialisme, humanisme,…

Aujourd’hui :

De nos jours, la Gestalt est utilisée :

Dans le champ professionnel :

  • En coaching individuel (dirigeants, cadres, managers) et coaching d’équipe
  • En formation (individuelle ou de groupe),
  • En conseil, auprès d’entreprises ou institutions,

Dans le champ personnel :

  • En psychothérapie (individuelle, de groupe) pour des personnes souffrant de troubles psychologiques ou psychosomatiques, de problèmes existentiels (mal-être chronique ou crise passagère)
  • En relation d’aide ou soutien psychologique afin de  mieux assumer une situation particulière (deuil, séparation, sentiment d’exclusion, etc.)
  • En développement personnel pour des personnes recherchant un « plus-être », un épanouissement de leur potentiel latent,
La Gestalt se définit comme un art…

Gestalt signifie forme, structure, configuration. Le but d’un accompagnement gestaltiste est de favoriser l’ajustement créatif vis-à-vis de son environnement.

La Gestalt met l’accent sur la prise de conscience du processus en cours dans l’ici et maintenant de chaque situation. Elle développe le sens de la responsabilité et réhabilite le ressenti émotionnel, trop souvent encore censuré par la culture occidentale. Elle développe une perspective cohérente de l’être humain, en relation avec son environnement, intégrant ses cinq dimensions principales: sensorielle, affective, intellectuelle, sociale et éthique.

La Gestalt favorise un contact authentique avec les autres, un « ajustement créatif » à l’environnement ainsi qu’une prise de conscience des dysfonctionnements anachroniques qui nous poussent trop souvent à des conduites répétitives. Elle permet le repérage de nos processus de blocage ou d’interruption dans le cycle du contact et dévoile nos inhibitions, nos évitements ainsi que nos illusions persistantes.

La Gestalt propose, plutôt que d’expliquer les origines de nos difficultés, d’expérimenter des pistes de solution dans la libre construction d’un sens: à la recherche du savoir pourquoi, elle ajoute le sentir comment, mobilisateur de changement.

Elle place le client comme acteur du changement, et la relation comme moteur de ce changement.

 … du contact.

Contact avec soi, c’est-à-dire accueillir ses richesses et ses ombres, ses besoins, ses différences.

Contact avec autrui, pour établir une relation vraie, porteuse de sens, à partir de ce que chacun vit actuellement.

Contact avec l’environnement aussi, une attitude à la fois accueillante, curieuse et critique par rapport à ce qui se passe.

Pour travailler cet art du contact, nous avons recours aux notions suivantes:

Cycle de l’expérience :

Il s’agit de la manière dont un besoin émerge à notre conscience, se développe, trouve satisfaction puis s’estompe, pour laisser place à un nouveau besoin; c’est le déroulement idéal. Il permet de repérer et respecter les différentes étapes d’une démarche, d’un plan d’action, d’un entretien, d’un travail en équipe, d’une séance de coaching.

Frontière-contact :

La Gestalt s’intéresse aux échanges entre une personne et son environnement (autres personnes, projet à mener, difficulté à résoudre). Une situation ne peut être étudiée sans son contexte; le cycle de contact n’est pas un système clos mais un processus ouvert, en échange permanent avec l’extérieur. En entretien, le client est invité à prendre conscience de ce qui se passe entre lui et le monde extérieur, de comment les mondes internes et externes s’influencent, se rigidifient, entrent en crise, s’ajustent.

Résistances :

Dans la pratique, de nombreux cycles restent inachevés, ou sont interrompus de manière répétitive au même endroit (par exemple, les réunions se terminant sans concrétisation, des idées qui ne deviennent jamais des projets).

Le gestaltiste est attentif au déroulement de ces étapes de satisfaction des besoins et en repère les blocages, les arrêts, les répétitions, les sauts.

Le client est invité à percevoir chez lui, comme chez les autres, les interruptions du contact, en particulier pour mieux comprendre ce qui se passe dans les situations extrêmes et offrir une bonne qualité de présence dans les moments difficiles.

Polarités et ajustement créatif :

Ce thème est important pour comprendre la notion de « bonne santé » (pour une personne, comme pour un organisme) développée par notre approche. Prenons comme exemple l’agressivité: si je suis toujours dans ce même registre, je vais certainement savoir « ne pas me laisser marcher sur les pieds », mais je vais me priver d’une vie d’équipe paisible,- je vais perdre des bonnes relations, etc. Si au contraire je suis toujours dans le registre de la douceur, je serai inadapté dans un environnement difficile, je ne saurai pas me défendre face à une personne agressive, un fraudeur, une situation de stress, etc.

La Gestalt nous propose de développer simultanément les polarités opposées: loin de me figer dans le « juste milieu » (que l’on pourrait baptiser « l’injuste milieu »), je cherche à étendre « l’éventail de mes possibles » dans l’exploration de mes capacités opposées mais complémentaires.

Par l’exploration de ces opposés, le gestaltiste cherche à favoriser la fluidité: c’est le thème de « l’ajustement créatif », central en Gestalt.

Ici et maintenant :

Ce qui importe est comment nous vivons la situation actuellement. Nous n’avons pas le pouvoir de refaire le passé et nous ne connaissons de quoi l’avenir sera fait. Par contre le présent contient les traces du passé, souvent colorées d’émotions et les espoirs et les craintes concernant l’avenir.

Expérimentation :

Mieux vaut essayer que cogiter. Abaisser la crainte d’effectuer des expériences nouvelles, prendre des risques, se positionner face à l’autre.

Relation :

Le levier de la Gestalt, c’est la relation dialogale ou le gestaltiste est présent à l’autre dans l’altérité.

Le résultat en est la co-création (et non l’interprétation) de sens (et non de vérité)

Théorie paradoxale du changement :

Le changement s’obtient par la reconnaissance et l’acceptation, quoique temporaire, de «ce qui est» et non par des prescriptions.

Aller plus loin ?…
« La Gestalt, l’art du contact » – Ginger Serge – Ed. Marabout 1995
« La Gestalt – Masquelier Gonzague » – Guide des méthodes et pratiques en formation, Retz 1995
« Le coaching » – Gellman Charles et Higy-Lang Chantal – Editions d’organisation 2002
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Être en relation…oui mais

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Nous sommes tous des êtres de relation, oui ! Mais…

Cependant nous avons tous des façons bien différentes de rentrer en contact, de le maintenir, de l’interrompre, de le reprendre, bref de le faire vivre.

La question est comment je fais vivre mon contact au quotidien ?

Il y a en chacun d’entre nous plus ou moins d’aisance à gérer la relation que ce soit dans son milieu professionnel ou encore personnel.

Bien des raisons sous tendent nos difficultés de contact, et les manifestations peuvent en être multiples, en voici quelques exemples :

« Je suis souvent d’accord avec mon interlocuteur, quel qu’il soit. J’exprime rarement de différence avec l’autre et j’ai tendance à me fondre dans mon entourage, je crains qu’en me différenciant je ne sois rejeté. »

« Je trouve souvent curieuse la manière de voir des autres. Devant un problème, lorsque je trouve une solution cela ne me semble pas logique que tous ne soient pas d’accord. Je m’aperçois que lorsque j’échange j’ai tendance à convaincre, j’ai du mal à véritablement entrer en contact, échanger sans vouloir convaincre. »

« Je n’ose pas exprimer ce que je ressens ni ce que je veux de crainte de gêner ou d’être gêné. Pourtant j’aimerais davantage dire ce que je pense ou ressens. »

« Je ne ressens aucune émotion ou alors je ne vois pas en quoi cela serait intéressant de les partager. »

« J’ai une tendance à tout prendre pour vérité, surtout les reproches d’ailleurs. Ils prennent beaucoup d’importance, tandis que les compliments, je ne les vois presque pas ! »

Des remarques comme celles-ci témoignent d’un contact non ajusté envers ses besoins propres d’une part, et envers les autres d’autre part. C’est avec ces perturbations de contact que l’on regarde le monde, que l’on évite certaines personnes ou situations, que l’on colle des étiquettes « prêtes à juger », que l’on s’empêche d’être authentique. L’environnement le perçoit d’une manière plus ou moins consciente et nous « enferme » dans un rôle, de celui ou celle qui fait ou pas, dit ou pas, ose ou pas faire ceci ou cela… C’est parce que l’on agit presque toujours de la même manière que l’environnement nous renvoie presque toujours la même réponse.

Plutôt que se demander « pourquoi », Agissez sur le « Comment faire ». Cela permet l’engagement dans l’expérience nouvelle, l’ajustement créatif.

L’ajustement créatif, c’est le pas de côté. Je décide, cette fois-ci de ne pas faire pareil que d’ordinaire… L’inquiétude est au rendez vous ? Super ! c’est le début du goût de la liberté…

Un nourrisson tombe mille fois avant de savoir marcher, et il est inquiet à chaque fois, mais il recommence … et il marche. Savez-vous pourquoi ? Parce que son entourage ne doute pas une seconde qu’il va réussir !

Alors, êtes-vous tenté par l’aventure de la liberté ? êtes-vous prêt à décider du premier pas… de coté ?

Changer oui ! Mais je n’y arrive pas …

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Il faut que ça change ! Mais…je n’y arrive pas.

« Au boulot, je n’en peux plus,TCF00417 il faut que ça change… »
« Avec mes enfants c’est devenu insupportable, et en plus je culpabilise…il faut que ça change. »
« Je ne veux plus réagir toujours de la même manière, je suis comme prisonnier d’un scénario…il faut que ça change »
« Avec mon conjoint, ça devient de plus en plus dur…on ne se comprend plus, on s’éloigne…il faut que ça change »
« Dans ma famille, les relations sont catastrophiques…avec le temps j’étouffe…il faut que ça change… »
« Dans mon entreprise, je n’arrive plus à piloter correctement, je stresse, et du coup je stresse tout le monde !…il faut que ça change »

Nous voulons tous un « quelque chose » qui change.
Ce quelque chose, ce « ça », en moins, nous rendrait plus léger, actif, plus heureux, même…
Mais, car il y en a toujours un (si, si écoutez vous allez être surpris.) vous n’arrivez pas à voir, à sentir comment agir le changement. Alors peut-être que l’exaspération, la tristesse, la peur ou même la colère se manifeste.

Il est difficile de se sentir en difficulté, de souffrir et en même temps de se « constater » comme impuissant.
Coluche disait « quand on est au milieu d’un milieu, eh bien on ne voit plus rien. ». Cela est tellement vrai.

La situation vécue occulte bien souvent, et c’est normal, les différentes possibilités de sortie de crise.

La raison tourne en rond dans ses innombrables et redondantes analyses.
Les émotions dévalent et bien souvent envahissent la place, comme un raz de marée.
Les sensations sont tournées vers les modes de survie primaires que nous avons engrammées depuis bien longtemps, à notre insu.u20040067

Il est vrai que ce n’est pas aisé, d’engager une chemin de « transformation » que ce soit dans la sphère personnelle ou encore professionnelle.

Les préjugés vont bon train. Je ne suis pas fou ni incapable pourtant ! je m’en sortirai seul, comme d’habitude, ou encore mais que vont penser les autres si je me fais accompagner ?

Ces réflexions sont communes et compréhensibles. Cependant elles coupent l’élan, l’envie et le besoin de s’engager à faire un premier pas de coté.

Jacques Prévert disait « il suivait son idée, c’était une idée fixe. Et il s’étonnait de ne pas avancer… »

Si vous êtes en situation délicate ou même de souffrance ne réfléchissez pas trop longtemps, suivez votre envie, votre désir de changement.

« Parfois on regarde les choses telles qu’elles sont en se demandant pourquoi ?
Parfois on les regarde telles qu’elles pourraient être en se disant pourquoi pas ? »